Qu’est-ce qu’un marché efficient ?
La réponse à la question est depuis des décennies au centre du débat pour les économistes et financiers essayant de théoriser ces mêmes marchés à travers des modèles de pensées.
Par souci de simplicité et de compréhension, nous n’aborderons dans cette partie que la définition stricte ou ‘faible’ du terme qu’Eugène FAMA est parvenu à théoriser dans son article paru en 1970.
Eugène FAMA, en 2013
Pour théoriser son modèle et parvenir à des conclusions satisfaisantes, Fama part du postulat érigé par Louis Bachelier 70 ans auparavant : un marché efficient est “un marché dans lequel les prix 'reflètent pleinement et toujours’ l’information disponible”. Par information, nous entendrons bien sûr l’information publique tels que les registres de comptes des entreprises, déclarations de taux d’intérêts des banques centrales, etc.
Louis Bachelier, en 1915
Ce postulat implique donc que les marchés sont aléatoires. Autrement dit, il n’existe aucune manière de prédire le marché à coup sûr. Le risque ne peut jamais être annulé et aucun modèle, aussi parfait soit-il, ne pourra être en mesure de quantifier le risque à un tel point qu’il le supprime complètement. Vous comprenez désormais l’enjeu fondamental que représente cette théorie pour la finance moderne.
Il est cependant important de noter un critère majeur de la validité de cette théorie : l’atomicité des participants doit être assurée, autrement dit il est nécessaire qu’un ou plusieurs participants ne puissent pas modifier de façon artificielle le prix. La théorie exclue donc les marchés sur lesquels le niveau de liquidité ne permet pas la validité de ce prérequis, notamment les valeurs cryptos.
Le but des recherches de Fama n’est pas simplement de prouver que personne n’est madame Irma, loin de là. Fama cherche simplement à démontrer que l’étude statistique du prix ne donne en aucun cas d’affirmation ou de prédiction certaine du futur de ce même prix.
Autrement dit, les tentatives d’analyser un actif, que ce soit en fonction du prix historique (penser qu’un actif répètera les mêmes patterns, agira de la même façon, etc.) ou d’une analyse technique de celui-ci résultera toujours d’une tentative vaine et d’un non-sens. Fama explique et démontre grâce à des modèles mathématiques qu’il est absurde de vouloir théoriser la répétition des cycles de prix, quelque soit le marché financier étudié.
L’économiste nous dit alors que les mouvements de prix sont entièrement aléatoires en eux-mêmes. Le prix historique ne nous donne aucune information valable et il est inutile d’agir en fonction du passé pour tenter de prédire l’avenir. Cela implique donc que le marché a toujours autant de chances de monter que de descendre tant qu’aucune information extérieure au prix (annonce économique, résultat, etc.) n’est divulguée par des informations que peu de personnes possèdent.
L’information est sans cesse ‘pricée’.
En d’autres termes, l’information est le seul responsable des mouvements de prix. Vous êtes en possession d’une information que le public ne connaît pas ? Alors vous pourrez être certain d’avoir un avantage. En revanche, si vous détenez autant d’information que le reste des acteurs du marché, vous jouez simplement à pile ou face en espérant tomber plus de fois sur la bonne face.
Le pari qu’il est possible de faire, c’est de penser que le marché sous-estime ou sur-estime une information : les bulles spéculatives en sont le parfait exemple. Le marché prend en compte l’information relative au prix, mais de manière trop violente : cela créée des déséquilibres susceptibles de mettre à péril l’ordre naturel des choses, ou la croissance “organique” du marché (éclatement de la bulle).
Fama explique donc que toutes les informations sont constamment ‘pricées’ et que le prix a déjà enregistré ces mouvements. Seul un bot capable de réagir à une vitesse éclair peut donc être en mesure de surperformer le marché de façon constante.